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— Et qu’y fera-t-il ? Des sottises comme d’habitude !

— Allons, essaie de ne pas lui en vouloir ! Il est amoureux et ne tient plus en place depuis qu’il a vu sa bien-aimée quitter l’hôtel. Alors il va s’installer dans le patelin. Sous le prétexte d’une étude sur les chemins de Compostelle. Et moi je le dépose et je reviens. Comme tu dis, il faut que je continue ma cour. Si j’aboutis…

— Tu dois aboutir ! appuya Aldo.

— On fera en sorte. Une fois en possession des émeraudes, je te rejoins puisque tu devras passer une annonce dans les journaux. Et on essaiera de préparer à ce tordu la réception qu’il mérite…

Tante Amélie qui écoutait sans ciller jugea qu’il était temps pour elle de faire entendre son point de vue :

— Les garçons ? Je ne voudrais pas troubler votre quiétude mais vous pourriez peut-être me demander ce que j’en pense. Vous décidez pour moi et je ne suis pas d’accord !

— Pardon, Tante Amélie ! Vous savez que je ne vous quitterai pas sans peine mais je ne vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre…

— Je refuse de continuer à jouer les marionnettes dans ce cirque, à changer de toilette trois fois par jour, à papoter avec la duchesse de San Lucar, la comtesse Pastrè ou Mme André Citroën qui tient absolument à ce que j’aille prendre le thé à Chiberta au milieu des derniers modèles de Chanel, Patou et autres couturiers…

— Quelle est votre intention alors ?

— Ce que nous avions décidé : rejoindre à Saint-Adour la cousine Prisca, ses vaches et son cercueil aux pommes de terre. Attends, je n’ai pas fini ! Pour rendre la chose plus naturelle vous allez, cher Adalbert – et puisque vous vous rendez dans le coin cet après-midi –, m’envoyer un télégramme posté à Ascain, qui est le village le plus proche du château… comme d’Urgarrain, m’annonçant que la cousine ne va pas fort. Et demain on va s’installer là-bas ! C’est à votre convenance, Plan-Crépin ?

Pour la première fois depuis un moment, la vieille fille s’illumina :

— Entièrement. Je suis reconnaissante que nous ayons si bien compris que je souhaitais surtout me rapprocher de ce maudit château… Il est vital que l’on sache ce qu’il s’y passe.

— Soyez tout de même prudente ! recommanda Aldo. Le coup de téléphone venait de Paris mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de danger chez la cousine. Or vous êtes facile à reconnaître !

— Ne vous tourmentez pas ! La vicomtesse de Saint-Adour s’habille en paysan plus souvent qu’en demoiselle et nous sommes à peu près de taille équivalente. Elle me prêtera volontiers ce qu’il me faut…

— Bien, conclut Adalbert. Il n’y a plus qu’à passer à l’action.

Ce soir-là, tandis que Vidal-Pellicorne emmenait dîner Mme Timmermans, Aldo reprenait le Sud-Express à destination de Paris et les deux femmes, le télégramme reçu, faisaient refaire leurs bagages et commandaient une voiture pour le lendemain matin…

À dix heures, elles quittaient l’hôtel du Palais. À peu près à la même heure, Aldo arrivait au Ritz. Il l’avait préféré à la rue Alfred-de-Vigny afin de ne pas imposer un service supplémentaire aux vieux serviteurs de Tante Amélie. En outre, il serait à deux pas du magasin d’antiquités de son pauvre Vauxbrun et l’idée lui souriait assez d’aller bavarder avec Mr Bailey…

TROISIEME PARTIE

D’UN CHÂTEAU L’AUTRE

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LA CHANOINESSE EN SON DOMAINE

— Urgarrain. C’est là-haut, expliqua la vicomtesse en tendant un bras maigre dans une manche de tricot gris en direction de la blanche silhouette d’un grand manoir couronnant l’une des premières collines montant à l’assaut de la Rhune dont les neuf cents mètres servaient de figure de proue à la côte basque.

Une maison forte eût été plus exact, car sous le toit de tuiles roses à quatre pentes, c’était simplement un quadrilatère de pierre cantonné aux angles supérieurs de quatre tourelles carrées en forme d’échauguettes mais l’ensemble, encadré d’arbres et de ce qui semblait être un jardin foisonnant, ne manquait ni d’allure ni de noblesse.

— Je ne vous conseille pas d’aller y voir de plus près ! Contentez-vous de regarder de loin : je vous prêterai une longue-vue.

— Et pourquoi n’irions-nous pas ? demanda Mme de Sommières en rejoignant son hôtesse et Plan-Crépin au bord de la terrasse.

— Ça n’a l’air de rien, mais d’ici ça fait presque trois quarts de lieue (apparemment elle ne s’était pas encore décidée à adopter le système métrique de la République) et je ne vous vois pas vous traîner là-bas avec tous ces frous-frous ! ajouta-t-elle en considérant avec sévérité la longue jupe « princesse » en soie violette de sa cousine d’où dépassaient de fins escarpins de cuir assortis et, parfois, l’éclair blanc d’un jupon. Nous sommes au XXe siècle, Amélie, que diable ! Le temps des falbalas est révolu ! conclut-elle en tapant sur son pantalon de gros velours côtelé qui, retenu par une ceinture de flanelle rouge drapée autour du ventre, lui donnait l’apparence d’un maçon.

— Je vois, c’est celui des corps de métier ! riposta l’interpellée en riant. Mais, en admettant que je puisse traîner mes falbalas jusque-là, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas aller y faire un tour ? J’ai toujours adoré les vieilles demeures et j’ai entendu parler de celle-là.

— Parce que c’est mal habité ! Tout ce dont vous risquez d’écoper, c’est de coups de fusil à grenaille !

— Oh ! émit Marie-Angéline, la mine offusquée. Et sauriez-vous nous dire, cousine Prisca, qui sont ces gens ?

— Des Mexicains, à ce qu’il paraîtrait. Ils ont acheté le domaine cet automne. Urgarrain a été mis aux enchères en vente publique après la mort du dernier propriétaire, José Yturbide, revenu y rendre l’âme après avoir perdu, outre-Atlantique, la fortune que ses ancêtres avaient tirée de la chasse à la baleine. On l’a enterré dans le cimetière et le notaire s’est occupé de la liquidation des biens. Il y restait de belles choses parce que ceux d’avant avaient du goût et ça a attiré du monde, mais le contenant et le contenu ont été enlevés par un antiquaire de Paris qui l’avait acheté au nom de sa fiancée mexicaine. Mais je n’en sais pas plus ! Moi, les affaires des autres ne me regardent pas et si ces gens veulent vivre cloîtrés, ça les regarde !

— Vous n’êtes pas curieuse, Prisca ! Vous arrive-t-il de lire les journaux ?

— Le moins souvent possible et jamais ceux de Paris ! Les agissements de « leur » République m’indiffèrent ! À présent, je vais vous laisser faire la sieste ou achever votre installation. Faut que j’aille à la ferme rencontrer le vétérinaire. J’ai un taureau qui bat de l’aile…

Elle quitta la terrasse en traînant ses grosses bottes sur le dallage mais se retourna avant de rentrer :

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, adressez-vous à Fauvel. Elle s’entend mieux que moi à la maison…

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