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Любовная терапия

Не дочитала.... все ждала когда что то начнётся... не понравилось >>>>>




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— Curieux, ce déménagement par petits morceaux et toujours de nuit ? remarqua Aldo.

— C’est facile à comprendre, expliqua Adalbert : la présence en plein jour de camions de transport exciterait la curiosité du quartier et ferait jaser.

— De toute façon, on jase, émit Romuald, et singulièrement à la boulangerie à l’heure des croissants du matin. Puis-je redemander à Monsieur s’il a encore besoin de mes services ? ajouta-t-il en s’adressant à Adalbert.

— Pour le moment, non, mon bon Romuald ! Vous allez pouvoir continuer à surveiller la croissance mélodieuse de vos asperges, mais ne quittez pas Argenteuil sans nous prévenir ! Vous pourriez encore nous être utile. En attendant, merci !

Un long moment, les deux hommes fumèrent en silence, enfoncés dans les Chesterfield en cuir noir, légèrement usagés mais tellement confortables. Même après que se fut fait entendre la joyeuse pétarade de la motocyclette de Romuald retourné bichonner son jardin. Finalement, abandonnant un mégot dans un cendrier, Aldo soupira :

— Toi, je ne sais pas mais moi, j’ai bien envie d’aller faire un tour rue de Lille… aux environs de minuit par exemple ?

— Et si je n’avais pas envie de t’accompagner ?

— Ça m’ennuierait fort… mais j’irais ! Tes talents de serrurier vont me manquer !

— Je plaisantais. Il faudrait m’assommer pour m’empêcher d’aller mettre mon nez là-dedans…

Il était un peu plus de minuit quand Aldo gara sa voiture de louage à quelques numéros de l’hôtel Vauxbrun. La rue était calme, silencieuse et presque obscure : le réverbère placé en face de l’ambassade d’Espagne devait avoir eu des problèmes car il ne fonctionnait pas. Ce qui laissait dans l’ombre la maison voisine. Pareillement habillés de noir et chaussés de souples souliers à semelles de crêpe, les deux hommes gagnèrent le portail dans l’intention de s’introduire par la porte piétonne. Adalbert s’apprêtait à extirper d’un sac son assortiment de clefs passées dans un anneau quand Aldo l’arrêta :

— Pas la peine, chuchota-t-il. Le portail n’est que poussé. Regarde !

Appuyant doucement sur le lourd vantail de chêne verni afin d’élargir leur champ de vision, ils purent constater que la cour était encombrée par deux gros camions de déménagement, des authentiques cette fois, autour desquels s’activait sans bruit une noria d’homme vêtus de sombre, transportant des caisses ou des meubles enveloppés de chiffons entre la porte béante de l’hôtel obscur et l’arrière ouvert des véhicules à peine éclairés par des lanternes…

— Ça y est, on embarque tout ! murmura Aldo. Pas étonnant que l’on ait renvoyé le personnel !

— Il doit rester le concierge ? Où est-il ?

— Dans son lit ? Acheté ou drogué ? Ces gens-là m’ont l’air d’en connaître long sur l’art d’abrutir leurs contemporains…

— Et nous ? Qu’est-ce qu’on fait ?

— On attend la fin… et on les suit. Ne serait-ce que pour voir où ils vont.

Ils regagnèrent leur voiture qu’Aldo avança discrètement pour mieux surveiller l’entrée de la maison, allumèrent l’un sa pipe, l’autre une cigarette et attendirent… Ce fut interminable.

— Je parie qu’ils emportent aussi les ustensiles de cuisine, grogna Morosini en tirant son briquet pour la sixième fois. Sans oublier la cave ? Vauxbrun en a une fameuse !

— Pourquoi pas ? ronchonna Adalbert dont les pieds commençaient à geler. Tu n’aurais pas dû en parler ! Je donnerais ma chemise pour un bol de vin chaud copieusement sucré à la cannelle et aux zestes d’orange !

— Courage ! La nuit ne sera pas éternelle et ils partiront sûrement avant l’aube.

— Tu sais à quelle heure se lève le jour en ce moment ?

Enfin, peu avant quatre heures, le premier camion franchissait le portail – au ralenti pour faire le moins de bruit possible ! – suivi par l’autre et, derrière eux, le double battant se referma comme de lui-même.

— C’est ce que je pensais, le concierge est de mèche ! ragea Morosini. Ils l’ont acheté !

— Essaie donc de voir les choses de façon plus objective. Cet homme a reçu un ordre, il exécute, un point c’est tout. N’oublie pas que maintenant ce sont eux ses patrons ! Alors tâche de rester calme quand on viendra l’interroger demain…

— Ah ! Parce qu’on viendra demain ?

— Tu ne le savais pas ? Sacrebleu, Aldo, réveille-toi !

Les feux rouges arrière permettaient de suivre d’autant plus aisément qu’il n’y avait guère de circulation. Ce n’était pas encore l’heure du laitier et des éboueurs… On rejoignit le boulevard Raspail que l’on remonta jusqu’au Lion de Belfort, puis l’avenue et la porte d’Orléans où les camions s’arrêtèrent à l’octroi. Un employé vérifia des papiers avant de les laisser filer avec un vague salut d’un doigt porté au képi.

— Descends et passe-moi le volant, souffla Adalbert.

— Mais… pourquoi ?

— Parce que je suis mieux outillé que toi !

Une minute plus tard, le même employé venait se pencher à la portière :

— Rien à déclarer, Messieurs ?

— Si ! Nous suivons les deux monstres qui viennent de passer.

— Ils vous intéressent ?

— Oui. Nous sommes journalistes, assura Adalbert en produisant comme par un tour de prestidigitation une carte de presse qu’il mit sous le nez du préposé. L’un des chauffeurs est un personnage important… dont je dois taire le nom ! Vous comprenez ? Est-ce que vous pouvez nous dire où ils vont ?

— Ouais ! Vont à Bordeaux !… C’est pour quel canard ?

—  L’Intran (14) ! clama Adalbert en faisant redémarrer la voiture sur les chapeaux de roues. Merci beaucoup !

On fonça à travers Montrouge en train de s’éveiller jusqu’à ce que l’on eût retrouvé les feux des camions.

— Tu veux les suivre jusqu’à Bordeaux ? fit Aldo encore sous le coup de la surprise.

— Évidemment non ! Maintenant que l’on sait où ils vont – et il n’y a aucune raison d’en douter – on rentre à la maison ! conclut-il en empruntant la première rue à gauche et en fonçant à travers la banlieue sud jusqu’à rejoindre la porte d’Italie où l’on sacrifia de nouveau aux obligations de l’octroi en lançant : « Rien à déclarer ! » presque sans ralentir.

Une demi-heure plus tard,  Adalbert était dans son lit et Aldo dans l’escalier de Mme de Sommières en compagnie d’une Marie-Angéline en robe de chambre et bigoudis nantie d’une lampe électrique, d’une boîte de chocolats de « La Marquise de Sévigné » et d’un exemplaire des Souvenirs de Sherlock Holmes.Comme il était sorti sans dire où il allait, Plan-Crépin, vexée de n’avoir été ni emmenée ni même consultée, s’était juré qu’il n’irait pas se coucher sans lui avoir raconté sa soirée. Bonne fille, néanmoins, elle l’emmena à la cuisine après qu’il eut éternué deux fois, pour lui confectionner ce vin chaud qui occupait tant les rêves d’Adalbert un moment plus tôt.

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